KaoriYuki

2014 Conférence et rencontre au Salon du livre de Paris


Conférences de Kaori Yuki - 34ème Salon du livre (Paris, France)


English version available below.


Conférence et rencontre
au Salon du livre
21-24 mars 2014, Paris, France


Autres articles :

  • Animint : résumé de la conférence du samedi.
  • Journal du Japon : bon article reprenant la conférence, avec une interview.
  • Manga-News : une enrichissante "table ronde" le dimanche 23 mars.
  • Nautiljon : retranscription fidèle de la conférence.
  • Planète BD : leur interview de l'auteur réalisée le 23 mars 2014.
  • Blog Bayswater : petit compte-rendu d'un étudiant (en japonais).



1. Conférence de Kaori Yuki


En point 3 sur cette page vous trouverez la rencontre dédicace du samedi 22 mars à la FNAC Montparnasse.

La grande scène où a eu lieu la conférence de Kaori Yuki.

Paris, parc des expositions de Porte de Versailles, dans l'un des 4 coins du vaste hall n°1 abritant la 34e édition du Salon du livre... On est le samedi 22 mars 2014, il est 10:20 (j'ai fait la queue 15 minutes à l'entrée). Les fans et les connaisseurs arrivent tranquillement et s'installent sur les chaises devant la grande scène pour l'instant vide. Je suis au 5e rang. A 10:30 c'est bien rempli mais alors que la conférence doit commencer, on ne voit personne arriver. Une toute petite attente... Quand voilà, je n'en crois pas mes yeux, sur la gauche je vois apparaître Kaori Yuki pour de vrai, LA star du jour, prêtresse du dark shôjo, mon auteur fétiche depuis 13 ans ! Elle vient enfin en France, pour la première fois... Elle monte sur la scène avec son éditeur de Kôdansha monsieur Sugiyama et une jeune interprète. Il est déjà 10:40. Tout est rempli et des gens s'amassent debout derrière les chaises dans le couloir. Avec l'interviewer qui nous avait un peu chauffé, on lui fait une graaande ovation, on applaudit fort, on crie (pardon à la fille devant moi...), certains se lèvent, dont moi. Kaori Yuki avance d'un pas décidé vers son siège et ne regarde pas le public. Ça y est, j'y suis, ce moment tant attendu est enfin sur le point de commencer !

N'ayant pas de dictaphone, je m'arme de mes bons vieux bloc-notes et stylo et je commence à tout noter avec acharnement. C'est que tout le monde parle vite, ma main est soumise à rude épreuve... un mauvais souvenir de fac refait vaguement surface.

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Les photos et films sont interdits sur demande de l'auteur, ce qui a été plutôt bien respecté. Je vais donc essayer de vous décrire au mieux ce que j'ai vu. Kaori Yuki est arrivée bien habillée, avec un foulard blanc en fleurs au crochet, un petit haut noir avec un effet cache-cœur, un chemisier fin en mousseline noire un peu transparente avec manches mi-longues finies en corolle. Très féminin. Elle portait une simple jupe noire courte ajustée (à moins que l'ensemble soit une robe, c'est dur à dire de loin). Elle avait un très joli ras-de-cou en fils noirs (plastique ou métal) qui s'entremêlent et forment un gros papillon à la base du cou. Quelques strass brillaient dessus. Ses cheveux étaint longs et dégradés, teintés auburn. La partie haute était attachée en arrière avec une barrette blanche à strass, et elle avait une frange effilée. Son maquillage était léger et mettait surtout sa bouche en valeur. Enfin, elle portait des collants fantaisie noir avec des petits losanges assez classiques, et aux pieds des babies plates dorées avec 2 lanières croisées sur le dessus du pied. Elle pouvait presque passer inaperçue dans la foule (son style est assez occidental) si ce n'était ses yeux bien bridés, sa petite taille et ses cheveux raides typiquement japonais.

1.1. Racontez-nous vos début, comment êtes-vous devenue mangaka ?

Petite, à l'école primaire, je remplissais mes cahiers de dessins. Ç'a très vite été une évidence pour moi de devenir mangaka.

Wow. J'entends Kaori Yuki pour la première fois en vrai ! (j'avais déjà pu découvrir sa voix sur cette vieille interview). Quel choc, quel ravissement. Elle parle vite, a une très belle voix assurée, vive, franche, expressive avec beaucoup de modulations. Elle est très agréable à écouter et n'a pas une de ces petites voix fluettes très japonaises (en même temps elle a plus de 40 ans, ça doit aider).

1.2. Quelles sont vos influences musicales, littéraires, cinéphiles ?

Etudiante, j'écoutais de la musique occidentale et je regardais des films occidentaux. J'ai moins le temps aujourd'hui mais quand je peux, j'aime toujours ces choses-là. Et j'aime beaucoup Tim Burton, James Cameron, Brian de Palma...

1.3. Dans vos œuvres on trouve du folklore européen, qu'est-ce qui vous attire dedans ?

La culture occidentale fascine car elle n'est pas très compréhensible pour les Japonais. Elle est assez mystérieuse, et puis l'architecture gothique, les vêtements anciens... C'est attirant. Mais ce n'est pas propre à moi, c'est généralisé au Japon.

1.4. Est-ce compliqué de construire des scènes sanglantes ?

Oui, ce n'est pas toujours facile mais cela m'amuse beaucoup.

1.5. D'où vient cette envie alors que vous faites du shôjo ?

Je pense que l'intérêt d'un manga est de susciter des émotions chez le lecteur. Il faut donc faire des scènes émotionnellement fortes, qui choquent, qui viennent du cœur.

1.6. Est-ce aussi pour cela qu'il y a souvent des duos de héros avec des relations ambigües (Comte Cain, Angel Sanctuary, Devil's Lost Soul) ?

Non, je ne fais pas vraiment ça pour choquer les lecteurs. C'est pour rendre les personnages plus intéressants et uniques.

1.7. Vos héros sont à 90% des hommes, ce qui n'est pas courant dans le shôjo manga. Pourquoi ?

J'ai aussi écrit des histoires avec des héroïnes ! Mais les gens ont plus retenu celles avec des héros masculins.

1.8. Bien que vos mangas soient des shôjo, pas mal de garçons vous lisent, on le voit bien ici dans l'assistance. Est-ce aussi le cas au Japon ?

C'est vrai qu'au Japon on m'avait dit que j'étais lue par des garçons. Mais j'ai été étonnée de voir à quel point c'est vrai en France. Oh et l'âge aussi ! Ici une personne est venue me dire qu'elle aimait lire mes mangas, et elle était plus âgée que moi !

1.9. On remarque que l'architecture française a une place importante dans vos mangas.

Oui et j'aimerais beaucoup avoir le temps de voir des bâtiments et l'architecture, mais mon emploi du temps est chargé, ça va être compliqué.* :/

1.10. Pouvez-vous nous parler de votre nouvelle œuvre : Kakei no Alice ?

(L'éditeur s'adresse en privé à Kaori Yuki) (Elle reste figée et cherche ses mots, puis sourit) Ça commence comme un cosplay géant. L'héroïne est déguisée en Alice et se retrouve au milieu d'une dispute familiale. C'est un jeu de massacre en famille. J'espère que cela vous intrigue ! Vous verrez bien quand la série sortira en France.

1.11. C'est qu'on est curieux de voir à quoi ressemble Alice aux pays des merveilles version Kaori Yuki !

Oh moi aussi je suis très contente d'utiliser ce personnage. Mais ne vous attendez pas à voir une Alice classique. (rires) C'est pas mon genre.

1.12. On voit bien que vous vous inspirez de personnages ou icônes connus. A partir d'un stéréotype, comment faites-vous pour créer un personnage complètement différent ?

Dans Comte Cain, j'avais juste une vague image de la noblesse anglaise, je me suis appuyée sur mes propres idées romancées. Pour les anges dans Angel Sanctuary, j'ai cherché à sortir de l'ordinaire afin de marquer le lecteur. Et une fois sur ma lancée, j'ai fini par beaucoup changer leur image par rapport à celle qu'on a habituellement.

1.13. Avez-vous besoin de faire beaucoup de recherches ?

Une fois l'histoire fixée, je me lance dans des recherches avec l'aide de mon éditeur. Si je ne faisais que dans la fantaisie, l'imaginaire, l'histoire manquerait d'intérêt. C'est pourquoi je cherche à ancrer mes histoires dans le réel. Donc oui je fais beaucoup de recherches.

Il est quasiment 11:00. A ce moment, l'interview s'arrête et Kaori Yuki part s'installer sur la table filmée par une caméra reliée à un rétroprojecteur. C'est le moment où elle nous fait une démonstration en direct de son talent, sur une de ces feuilles utilisées pour faire une planche de manga. A partir de là, son éditeur prend le relais et va répondre aux questions tout en commentant de temps en temps ce que fait sensei.
Kaori Yuki a choisi de dessiner Sorath de 3/4 jusqu'au torse. J'ai à peine le temps de voir le crayonné qu'elle commence déjà à repasser à l'encre. On la voit utiliser plusieurs plumes dont le fameux G-pen. Puis elle gomme. Et chose assez incroyable, on la voit commencer à poser les trames (des Deleter bien sûr). C'est très intéressant et d'ailleurs son éditeur va nous expliquer la technique. Malheureusement elle n'aura le temps d'ombrer que le visage, on la fera arrêter vers 11:20 car à 11:30 commence la prochaine conférence avec Kaoru Mori (Emma, Bride Stories).

Autre chose assez incroyable, l'interviewer nous explique aussi que cette pièce unique est à gagner ! Pour cela, il faut laisser un mot dans le livre d'or de l'auteur au stand Pika, et toute l'équipe Kôdansha choisira avec elle le message le plus sympa, après le salon. Il ne fallait donc pas oublier de laisser son email pour que Pika puisse contacter l'heureux gagnant (je lui ai écrit quelque chose - mais je n'ai pas été choisie...).

2.1. Monsieur Sugiyama, quel est votre rôle en tant que responsable éditorial ? On ne connaît pas trop ce métier en France.

Mon premier rôle est de conseiller et d'avoir des entretiens avec l'auteur, de déterminer quel thème et quel style elle va écrire. Dans le cas de Kaori Yuki, elle a une idée assez précise de ce qu'elle veut faire, je suis donc plus dans un rôle d'écoute avec elle. Avec d'autres, j'aide davantage pour développer une idée ou aller vers une certaine direction.
La partie la plus difficile de mon travail est de faire respecter les deadlines. (Rires de l'audience) Mais Kaori Yuki est toujours à l'heure. Par exemple, elle a rendu son manuscrit juste avant de prendre l'avion pour la France. (Applaudissements) C'est rare d'avoir un auteur aussi ponctuel. D'habitude c'est la galère.

2.2. Quel est l'emploi du temps de Kaori Yuki ?

Chez nous, chaque 15 du mois il faut que le manuscrit soit prêt. Les 5 jours suivants, c'est l'étape du storyboard - le "nemu" - contenant le découpage des cases, l'emplacement des personnages et des bulles avec les paroles. Ensuite l'éditeur le vérifie et fait les remarques nécessaires jusqu'au 22 du mois. Puis viennent les roughs, les esquisses. C'est plus précis et détaillé que le storyboard. Pour Kaori Yuki, en général chaque chapitre fait 40 pages, on découpe donc le travail en deux fois 20 pages. Vers le 1er ou 2 du mois suivant, on reprend le même processus à partir du manuscrit présenté le 15 du mois précédent.

(Son éditeur s'arrête et commente le travail en cours de Kaori Yuki.)
Vous voyez, on a devant les yeux un exemple précis de l'étape de finition d'un dessin : elle utilise un G-pen, c'est une plume servant à dessiner avec précision les lignes fines comme épaisses. La technique pour rendre le dessin plus dynamique est de modifier l'épaisseur du trait en jouant avec la pression exercée sur la plume. Elle est souvent utilisée pour souligner les personnages principaux dans une scène.

2.3. Quelles sont la place et les tâches des assistants dans ce planning ?

Kaori Yuki a 5 assistants surtout chargés des finitions. Ils dessinent les backgrounds, appliquent les trames et encrent les parties à remplir en noir.

2.4. En France, il y a énormément de fans qui aimeraient devenir mangaka. (Il demande alors au public qui veut devenir mangaka : 3 mains se lèvent ; et à la question "qui dessine ?" Plus d'un tiers lève la main.) Quels sont vos conseils ?

Je travaille pour le magazine Aria chez Kôdansha. Mon petit conseil : si vous venez au Japon, passez au bureau d'Aria et montrez-moi vos planches.

2.5. Qu'est-ce qu'il vaut mieux faire et ne pas faire, pour ne pas vous faire perdre votre temps ?

Montrez quelque chose de finalisé et non des roughs. Faites tout traduire en japonais, personne ne parle français chez nous. Prenez rendez-vous par mail 3 jours avant. Maaais je vous recevrai quand même sans rendez-vous. (Applaudissements et sourires dans l'assistance)

On passe maintenant aux questions du public.

3.1. Monsieur Sugiyama, pourriez-vous nous donner votre e-mail pour qu'on vous envoie des planches ?

(Sugiyama rit) L'interprète nous explique : il allait presque le dire vraiment.

3.2. Comment étaient vos débuts avec Kaori Yuki ? Est-ce compliqué de travailler avec un auteur qui a déjà ses habitudes ?

Au début j'étais très tendu et nerveux en rendez-vous avec elle. Mais quand j'ai compris qu'elle était ouverte d'esprit, c'était plus facile de lui donner mon avis et des conseils.

(Monsieur Sugiyama s'arrête encore et commente le travail en cours de Kaori Yuki.)
Là vous voyez des screentones. Ce sont des feuilles autocollantes avec des motifs grisés. Elle positionne le screentone, appuie et découpe la forme désirée au cutter. Puis elle rappuie bien dessus pour que ça colle bien et gratte les bords au cutter pour estomper la découpe nette, adoucir la transition avec la feuille.

3.x. (En pleine démonstration, Kaori Yuki prend la parole et nous demande) Que pensez-vous de la démo de ma technique dessin ?

(On applaudit chaudement)
Elle : (large sourire) Merci !**

3.3. Il y a beaucoup de travail dans vos œuvres. Laquelle a demandé le plus de travail ?

A chaque fois, j'ai passé autant de temps pour l'étape de vérification. Mais sinon, Angel Sanctuary et Comte Cain ont pris le plus de temps en général.

3.4. Utilisez-vous l'informatique ou comptez-vous l'utiliser, vu que c'est de plus en plus courant au Japon ? (Première question posée par un homme)

J'aimerais bien mais je n'y arrive pas (sur un ton amusé). Donc je reste avec la plume.

3.5 Konnichiwa, je suis professeur de français au collège. J'aimerais proposer un de vos mangas à étudier. J'aimerais avoir votre avis sur lequel choisir.

Oh non, non, ce n'est pas bon pour l'éducation, ça ! Ne me prenez pas (rires de sa part et du public et applaudissements).

3.6. J'aime beaucoup vos personnages. Vous inspirez-vous de personnes réelles, de leurs attitudes ?

Inconsciemment il y a des choses qui me marquent forcément. Mais je ne cherche pas à m'inspirer de personnes réelles. Ne croyez pas tout ce qu'il y a sur moi sur Wikipedia !

3.7. Merci d'être venue en France. Quelle œuvre vous a rendue la plus fière ?

J'ai pris plaisir à dessiner toutes mes œuvres. Angel Sanctuary a une grande galerie de personnages, ce qui m'a procuré beaucoup de plaisir. Mais toutes les scènes intenses qui impactent les lecteurs me rendent fière.

3.8. Allez-vous faire un manga qui se passe en France ? (seconde question posée par un homme)

En fait, juste avant de commencer Alice j'avais proposé de faire une série sur Jeanne d'Arc au rédacteur-en-chef d'Aria puis on a changé avec mon éditeur. Mais je garde l'idée de côté.

3.9. Tous vos dessins ont un tracé très précis. Quel personnage a été le plus difficile à dessiner ?

(Elle réfléchit la main sur la tête, on voit qu'elle est embêtée pour répondre et mime un "pfff") Ils sont tous durs à dessiner.

L'interviewer indique que c'est fini. Et nous montre à notre droite un groupe de cosplayers d'Angel Sanctuary (Alexiel, Rosiel et Kurai). Kaori Yuki nous adresse ensuite 2 sincères "meruci" et un "arigatô gozaimasu" en souriant timidement. L'interviewer la remercie à titre personnel. Enfin, juste avant de se lever elle nous fait un petit au revoir de la main.


La galerie des glaces à Versailles La Joconde

* Sur Twitter, on apprend qu'elle a au moins pu visiter le château de Versailles. Et le Louvre (on la voit devant la Joconde).
** Toujours sur Twitter, elle avoue que c'était très embarrassant de faire cette démo.



2. Le stand Pika

Un cosplay d'Orchestre Royal de Guignols.

30 minutes après la conférence, Kaori Yuki commence sa séance de dédicace au stand Pika, la séance est prévue pour durer de 12:00 à 13:30. Je passe voir comment ça se passe peu après le début, je n'ai alors pas de ticket car je suis arrivée 5 minutes trop tard au stand Pika le matin : les 70 tickets sont partis en 10 minutes. Dans la queue je vois un groupe avec un très joli cosplay de The Royal Doll Orchestra. Je dois bientôt partir pour tenter ma chance à la FNAC mais je veux d'abord laisser un message dans le livre d'or. Seul hic : il est inaccessible car placé à côté de l'auteur en pleine séance ! (Pika, c'est archi mal fichu, ça !!) Heureusement j'ai pu m'arranger pour laisser un mot sur une carte volante que j'ai achetée au Salon (un kirigami du Sacré Cœur), en espérant qu'elle ne sera pas perdue et sera prise en compte dans les délibérations pour gagner le dessin exclusif...

Le stand est assez joli, Pika joue à fond la carte gothique en utilisant des cadres baroques noirs dans leur déco.

Stand Pika (image twittée par Kôdansha). Stand Pika (on devine les cheveux de Kaori Yuki et son éditeur). Stand Pika. Au premier plan, le cosplay d'Angel Sanctuary qui était présent à la conférence.



3. Rencontre et dédicace avec Kaori Yuki


A 16:30 le même jour, une "rencontre dédicace" est organisée à la FNAC Montparnasse, en partenariat avec Manga.tv. Cela consiste en une interview et quelques questions du public suivies d'une séance de dédicace. L'accès à la rencontre est libre, par contre le nombre de dédicaces est limité : il fallait demander un ticket à l'accueil du magasin (gratuit). Ils étaient disponibles dès le matin à l'ouverture de la FNAC.

Pour ma part, je suis arrivée vers 13:50 et j'ai eu le ticket n°39 sur 44. Au lieu du métro, j'ai pris un taxi pour arriver plus vite (à cause d'un horrible détour obligé par Charenton-le-Pont) et j'ai clairement fait le bon choix : les 20 minutes que j'ai gagnées ont sans aucun doute fait la différence... J'ai sympathisé avec une fan arrivée en même temps que moi (hello n°40 ^^), on a gentiment tué le temps ensemble à bavasser manga dans la cafét' de la FNAC, juste à côté de l'espace rencontre.

Une des affiches collées au sous-sol dans l'espace rencontre. Entrée de la FNAC Montparnasse avec l'affiche de Kaori Yuki. L'espace rencontre au sous-sol.

Kaori Yuki est pile à l'heure. Elle s'est changée et porte maintenant une robe toute grise visiblement plus chaude et confortable que sa tenue du matin. Elle semble un peu fatiguée, parle et sourit un peu moins au début de l'interview. Mais elle va vite retrouver sa verve et son entrain. Cette rencontre est plus intimiste que la conférence au Salon, on n'est qu'une soixantaine, assis assez près d'elle (je suis au milieu du 2e rang ! le 1er étant réservé au staff), l'estrade est basse. Du coup je profite mieux de son visage expressif et de ses mimiques très parlantes et amusantes. L'interviewer est tout bonnement le fondateur de manga.tv, ce n'est pas la même personne qu'au Salon. Ses questions sont parfois un peu déroutantes et il surjoue un peu trop pour détendre l'atmosphère, soit.

4.1. Quel a été votre parcours et comment êtes-vous devenue mangaka ?

Depuis que je vais à l'école je dessine. J'ai donc assez vite su que je voulais devenir mangaka. Ensuite j'ai suivi le parcours classique, études, concours, pour commencer à publier. (Note : elle en a dit un peu plus mais rien de nouveau.)

4.2. En (presque) 30 ans de carrière, comment réussissez-vous à toujours trouver l'inspiration ?

Je n'ai pas de sources précises, les idées viennent au fur et à mesure.

4.2b. Oh alors ça va vite dans votre cerveau !

Disons que je suis à fond pour chaque série, c'est commun à tous les mangakas.

4.3. Combien de temps faut-il pour créer un manga, faire les recherches nécessaires... ?

Ça dépend des œuvres, ça dépend du moment où j'ai le feu vert.

4.3b. Et avec Devil's Lost Soul par exemple ?

(Elle ne sait plus et mime un "pfff" puis demande à son éditeur) Environ 1 mois.

4.4. Lorsque vous créez un personnage, en avez-vous déjà une idée précise dès le départ ou bien évolue-t-il au fil du temps ?

Oui, c'est important de définir la position des personnages dès le départ sinon on se retrouve avec des choses qui ne vont pas plus tard.

4.4b. Et en détails ?

Comme je suis dessinatrice à la base, le personnage se construit au fur et à mesure que je le dessine. Selon le look que je lui donne, son caractère se dessine et s'affine.

4.5. Est-ce que vous croisez les doigts au moment de la validation du storyboard par votre éditeur ?

En fait, en général je sais déjà où il va me critiquer...

4.6. La pire remarque de votre éditeur ?

Dans le cas de Devil's Lost Soul, il est doux dans sa manière de dire les choses. Il ne dit rien de méchant, néanmoins il ne se retient pas.

4.7. Monsieur Sugiyama, que pensez-vous du travail de Kaori Yuki, quelles sont ses forces et ses faiblesses ?
Sugiyama : Sa plus grande force est qu'on reconnaît tout de suite son style. Sa faiblesse... ses histoires partent dans des directions compliquées.
4.8. Comment se passe la création des couvertures ?

Kaori Yuki : Pour Devil's Lost Soul, c'est généralement l'éditeur qui demande tel personnage avec telle pose. Mais ce n'a pas forcément été le cas pour mes précédents mangas.

4.9. Quelles sont les qualités pour faire un bon tantô (responsable éditorial) ?

Kaori Yuki : Un bon tantô sait caresser l'auteur dans le sens du poil. Il sait l'encourager quand il fait quelque chose de bien et dans le cas contraire, il sait dire les choses avec tact sans jamais casser son moral.
Sugiyama : je ne suis pas sûr d'être le meilleur des tantôs, mais oui quand une idée est bonne, il faut soutenir l'auteur à 120% !

4.10. Y a-t-il des codes pour faire un bon manga ? Ou bien est-ce une question de feeling ?
Sugiyama : Je suis devenu éditeur car j'aime le manga. Je juge simplement les mangas de mes auteurs comme les lecteurs le feraient, car j'en suis un.
4.11. Dans vos mangas, il y a souvent des thèmes philosophiques ou métaphysiques qui poussent les lecteurs à se poser beaucoup de questions. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

A priori ce n'est pas mon intention. C'est plus tard qu'on me dit que mes mangas sont compliqués. Les lecteurs réfléchissent à des choses auxquelles je n'avais pas pensé. Ce n'est pas mon but d'écrire des histoires philosophiques. C'est plutôt ma capacité à me lancer dans des délires qui dépassent mon imagination qu'il faut voir derrière.

4.12. Si vous étiez dans le monde de vos rêves, qui seriez-vous et où ?

(Gros sourire et réflexion) J'aimerais être une princesse qu'on protège.

4.12b. Pourquoi ?

(Surprise et amusée) Eh ? C'est évident, non ?

4.13. Quel est votre personnage préféré et pourquoi ?

On me pose souvent cette question... Je les aime tous.

4.14. Vous faites des shôjos. Quelles étaient vos inspirations de jeunesse ? Et que pensez-vous de la nouvelle génération ?

Au départ je lisais beaucoup de shôjo, je lisais souvent le magazine dans lequel j'ai commencé à publier (note : Hana to Yume). Mais maintenant je n'ai même plus le temps de lire celui où je suis publiée... Je ne sais pas quels sont les mangas à la mode en ce moment.

4.15. Si vous étiez la marraine d'un auteur, qui choisiriez-vous ?

C'est compliqué. Je ne me vois vraiment pas au-dessus de quelqu'un, si un auteur me plaît je serais plus là pour le soutenir plutôt que d'être au-dessus de lui.

4.15b. Et donc, qui ?

J'aime Shingeki no Kyojin ("L'Attaque des Titans")... Ryôko Yamagishi qui n'est pas publiée en France... (Elle réfléchit encore) Il y en a trop... (L'interviewer propose alors de passer à la question suivante.)

4.16. Quel est le plus beau cadeau que vous ayez reçu de la part de vos fans ?

C'est toujours beau, j'en ai les larmes aux yeux. Le fait de savoir qu'on choisit quelque chose pour moi me touche beaucoup, qu'on m'écrive un mot en japonais... Ah oui, une fois, on m'a offert une poupée qui faisait un peu peur.

4.17. Et pour finir, votre portrait chinois. Si vous étiez...:
  • Une couleur : le gris.
  • Un animal : un rhinocéros (petit rire de l'interviewer et murmure interrrogateur dans le public).
  • Une fleur : (après un peu de temps) la violette (en privé son éditeur lui a proposé la rose) J'aime bien la rose mais ce n'est pas l'image que j'ai de moi.
  • Un film : (elle réfléchit une main sur le front mais n'arrivera pas à répondre) ...
  • Un pays : le Japon.
  • Un dessert : (réfléchit) un cheesecake new-yorkais.

Environ 15 minutes avant la fin de la rencontre, on passe aux questions du public.

5.1. Vos dessins sont-il parfois influencés par vos émotions ?

C'est plutôt le contraire. Ce sont les personnages que je dessine qui créent une émotion sur mon visage. Si vous voyez un personnage qui fait une drôle de tête, alors vous pouvez imaginer la tête que j'avais en le dessinant !
Sugiyama : C'est caractéristique de tous les mangakas au Japon.

5.2. Quel est le moment que vous préférez et celui que vous aimez le moins lors de la création d'un manga ?

C'est la création du nemu ! (Note : storyboard. Elle a oublié de répondre à la première moitié de la question.)

5.3. Pourquoi n'y a-t-il pas eu de suite pour l'OAV d'Angel Sanctuary ? Et pourquoi aucune autre de vos œuvres n'a été adaptée en anime ?

L'interprète répond à sa place et lui traduira la question après : Ce type de production ne relève pas de sa décision, elle ne peut pas vous répondre, elle ne s'occupe que de dessiner.

5.4. Comment avez-vous eu l'idée de créer Vampire Host ?

C'était un jour où j'étais invitée au restaurant par mon rédacteur en chef. On se demandait quelle nouvelle histoire créer. Je me suis alors dit que j'aimerais bien dessiner des vampires. Et qui dit vampire, dit nuit, et au Japon qui dit nuit, pense "host". Du coup on a associé les 2 idées et le titre a suivi très simplement.

5.5. Est-ce une volonté de votre part de rester dans le style shôjo ? Pourquoi ne pas essayer d'autres styles comme le shônen, seinen... (prenant un ton blagueur) Quelque chose de plus joyeux, fleuri...?

(Rires de l'assistance) En fait j'ai bien envie de faire un seinen. Mais ce que j'ai présenté jusqu'à présent n'a jamais été accepté. Quant au shônen, ça ne colle pas avec mon style donc c'est hors de propos.

5.6. Ludwig Revolution est votre seule série basée sur des histoires déjà existantes, certes de façon un peu spéciale. Comment se fait-il que vous ayez voulu réutiliser de l'existant ?

Je me suis rendu compte que dans ces contes, les princes ne font généralement rien. (petits rires de l'assistance) Comme Ludwig, le prince, est le personnage principal, c'est une révolution du genre, d'où le titre.

Propos recueillis par moi-même.

Il est 17:20, et comme annoncé, l'interview prend fin pour permettre au staff d'installer la table pour les dédidaces et de nous mettre en rang dans l'ordre de nos tickets. Sensei revient 10 minutes plus tard et commence à signer sur les jolis shikishis (ex-libris en papier épais de qualité, ici de format A4) fournis gratuitement par Pika et posés à côté d'elle. Son éditeur est assis à sa droite et son interprète, la même qu'au Salon, à sa gauche. Celle-ci nous demande notre prénom et le note en katakana pour Kaori Yuki qui le recopie ensuite sur le shikishi (avec un "san" à la fin). Elle utilise 3 feutres : doré pour sa signature, noir pour notre nom et argenté pour la date. A la fin, elle nous remet le shikishi et 2 badges carrés de Pika avec Devil's Lost Soul et Kakei no Alice dessus. *_* Au total, une dédicace dure moins de 2 minutes s'il n'y a pas d'échange avec la personne. D'ailleurs, quand on la voit à l'œuvre, on ne peut que constater combien elle est rompue à l'exercice, méthodique et efficace. Etant la 39e, c'était mon tour vers 18:10. ^^

Juste avant mon tour, j'avais le cœur qui battait très vite... J'avais peur de bafouiller bêtement. Mais après avoir donné mon nom à l'interprète je me suis détendue. J'ai regardé Kaori Yuki signer puis j'ai jugé le moment opportun pour commencer à papoter. :D

J'ai d'abord posé sur la table un gros sac noir, un genre de panier garni que je lui ai préparé (c'est la raison de mon détour stupide à Charenton : je l'avais oublié dans ma voiture garée là-bas -__-;). J'ai expliqué ce qu'il y avait dedans : des cadeaux pour elle et sa famille (BD, CD, fanart...), dont 1/2 bouteille de champagne de récoltant 1er cru (je suis Champenoise après tout) et une boîte de 5 macarons faits par un bon chocolatier de ma ville (amande, chocolat, violette, beurre salé et crème de marron, miam). J'ai expliqué qu'il valait mieux les manger avant de retourner au Japon. Elle avait des étoiles dans les yeux. :D Quant au champagne, elle et son éditeur ont été très impressionnés, j'ai eu droit à des sugoi et même à des courbettes de son éditeur ! [Edit 01/2015 : sur Twitter, elle dit l'avoir bu à son anniversaire le 18/12/2014] Son interprète m'a fait la remarque qu'il y avait un lien entre Jeanne d'Arc et Reims, ce que j'ai confirmé. Kaori Yuki était attentive car Jeanne d'Arc est un thème qui l'intéresse. Elle a été bien surprise également quand j'ai dit que j'avais repéré qu'elle avait utilisé une partie de la cathédrale de Reims dans Angel Sanctuary. A la fin, elle m'a dit qu'elle aimerait avoir du temps pour visiter des choses en France et de venir un peu à Reims, peut-être. Et qu'on pourrait se croiser (!!). Après quoi, elle a demandé à me serrer la main. *____* Sa main était bien chaude tandis que la mienne était froide... *honte* J'ai fini avec la main portée au cœur, en la remerciant encore et encore en japonais. On s'est échangé plein de sourires. C'était génial. ♥

Le staff pose le matériel nécessaire sur la table pour les dédicaces. A droite, la queue pour la dédicace. Assis, les personnes qui n'ont pas de ticket pour une dédicace. Les 2 badges offerts par Pika au moment de la dédicace. Ma dédicace de Kaori Yuki sur shikishi. Il est écrit ''Marujyo san he'' (pour M...-san ^^). Mon ticket... précieux sésame !

Au total, il y a eu 50 tickets pour les dédicaces (44 distribués et 6 mis de côté utilisés plus tard), j'ai vu 3-4 garçons dans la queue, et une quinzaine de personnes qui avaient assisté à l'interview mais n'avaient pas de ticket. Les autres cadeaux reçus que j'ai pu voir : une boîte de bonbons à la violette, des chocolats belges Leonidas (ou tout du moins il y avait un sac avec ce nom, je n'ai pas vu son contenu), un bouquet de jonquilles et deux jolis carnets stylisés.

Environ 10 jours après son retour, elle a posté sur Twitter des photos des cadeaux qu'elle a reçus. On peut dire que ses fans l'ont gâtée. ^^ La galerie photo :



Kaori Yuki at the 34th Salon du livre - book fair - サロン・ド・リーブル (Paris, France)

1. Conference of Kaori Yuki

The big scene where the conference of Kaori Yuki took place.

Paris, France. At the exhibition park of Porte de Versailles, in one of the 4 corners of the huge hall #1 hosting the 34th edition of the Salon du livre... We're on Saturday the 22th of March 2014, it is 10:20 (I queued for 15 minutes at the entrance). Fans and others are gathering calmly and take seats in front of the big scene yet empty. I'm seated at the 5th rank. It's quite full at 10:30 but there's still nobody coming on stage even though the conference is supposed to begin now. A short wait later... And voilà, I can't believe it, on the left Kaori Yuki is here for real, THE star of the day, the mistress of dark shoujo, my favourite mangaka for 13 years! Finally she came to France, for the first time... She climbs up to the stage with her editor of Kodansha mister Sugiyama and a young interpreter woman. It's almost 10:40. The place is now full and people stand still behind the chairs in the corridor. Along with the interviewer who "prepared" us a bit, we address her a laaarge ovation, clapping hands loudly, screaming (I'm sorry for the girl in front of me...), some of us stand up including me. Kaori Yuki walks straight to her seat and doesn't look at the audience. Finally, this is it, the so long awaited moment is about to start!

As I don't have a recorder, I brought my good old notepad and pen and I'm frenetically writing down everything from now on. They all speak so fast, my hand suffers... reminding me of the uni, not the best part of it.

nophoto

Photos and filming are forbidden upon request from the author, and this was pretty well respected. Thus, I will do my best to describe what I saw. Kaori Yuki is well dressed, with a white fine scarf made of flowers in crochet (I guess), a black top with a wrap-over effect, a light blouse in black muslin slightly see-through, with half-long sleeves ending with the shape of a corolla. Very feminine. She was wearing a mere black short tight skirt (unless it was in fact a dress, hard to tell from afar). She had a really pretty choker made of entangled black wires (metal or plastic) forming a butterfly by the neck base. Some shiny rhinestones were on it. Her hair was long and layered, auburn tinted. The high part was tied behind with a white shiny clip and she had a thinned out fringe. Her makeup was light and mainly highlighting her mouth. Finally, she was wearing black fantasy tights with small classic diamonds, and golden flat shoes with 2 straps crossing on the top of the foot. We would barely notice her in the crowd (I mean, her style is not typically Japanese) if it wasn't for her clearly slanting eyes, small size and straight hair typically Japanese.

1.1. Tell us about your debut, how did you become a mangaka?

When I was in primary school, I was filling notebooks with drawings. It was quickly an evidence to me that I would be a mangaka.

Wow. I'm hearing Kaori Yuki for real for the first time! (well, I already heard her once in this old interview). What a blast, a pleasure. She speaks fast, with a beautiful confident voice, sharp, frank, expressive with many modulations. It's pleasant to listen to her and she doesn't have one of these acute little Japanese voices (but then she's well over 40 so I guess that helps).

1.2. What music, books, movies influenced you?

When I was a student, I was listening to western music and I was watching western movies. Nowadays I have less free time but when it's possible, I still enjoy those things. And I like very much Tim Burton, James Cameron, Brian de Palma...

1.3. We find many references to European folklore in your work, why does it attract you?

The western culture is fascinating because it's not very understandable for Japanese people. It's quite mysterious, and also the gothic architecture, old clothing... It's appealing. And it's not only me, it's general to Japan.

1.4. Is it difficult to build bloody scenes?

Yes indeed, it's not always easy but it's a lot of fun.

1.5. Why this interest although you make shoujo manga?

I think the interest of a manga is to arouse emotions to the reader. It means I have to create scenes that shock, that are strong emotionally, that come from the heart.

1.6. Is it why there are also often pairs of heroes with ambiguous relationship (Count Cain, Angel Sanctuary, Devil from Afar)?

No, I don't really do that to shock readers. This is for making characters that are more interesting and more unique.

1.7. Your heroes are for 90% guys, this isn't common in shoujo manga. Why?

I've also written stories with heroines! But people mainly retained those with male heroes...

1.8. Many guys read your manga even though they are shoujo, we can see it well here in the audience. Is it also the case in Japan?

It's true that in Japan I've been told that I was being read by guys too. But I've been surprised to see how true this is in France. Oh and the age too! Here someone told me that they enjoyed reading my mangas, and they were older than me!

1.9. We noticed that French architecture takes an important place in your mangas.

Yes and I'd love to have time to see buildings and architecture (note: of France), but my schedule is full, it's gonna be hard.* :/

1.10. Can you talk about your new work: Kakei no Alice (Alice in Murderland)?

(The editor speaks with Kaori Yuki in private) (She stops moving and looks for words, then she smiles) It starts like a giant cosplay. The heroine is disguised as Alice and happens to be in the middle of a family quarrel. It's a family slaughter game. I hope you are intrigued! You'll see when it'll be released in France.

1.11. We are quite curious to see what would be Alice in Wonderland made in Kaori Yuki!

So do I, I'm very glad to use this character. But don't expect the usual Alice. (laughs) Not my style.

1.12. We clearly see that you take inspiration in well-known characters or icons. How do you manage to create a totally different character from a stereotype?

In Count Cain, I only had a vague idea of the British nobility, I used my own fanciful ideas. As for angels in Angel Sanctuary, I wanted to change the common image so that it would mark the reader. Then I got carried away and ended up changing greatly their image compared to the stereotype.

1.13. Do you need to do much researches?

Once the story is set, I can begin my researches with the help of my editor. If I were only using pure fantasy, imaginary things, in my sense stories would lack interest. That's why I always look for rooting my stories in the real world. So yes, I do much researches.

It's almost 11:00. The interviewer ends the questions and Kaori Yuki moves towards the filmed table plugged to an overhead projector. It's the moment when she makes a live demo on one of these sheets used to draw a manga page. In the meantime, her editor is the one being interviewed. From time to time he will comment on the live demo of sensei.

Kaori Yuki chose to draw Sorath until chest from a 3/4 view. I barely got time to see the sketch as she's already going for the inking. She uses several quills including the famous G-pen. Then she erases the sketch lines. And then, incredibly enough, we see her starting to add screentones (the Deleter brand of course). It's very interesting, her editor will even explain the technique. Unfortunately she will only have enough time to shade the face, she will be stopped around 11:20 as the next conference will begin at 11:30 with Kaoru Mori (Emma, Bride Stories).

Second incredible thing, the interviewer tells us that this unique drawing can be won!! And the rule is simple: we have to write a nice message in her guestbook at Pika's booth (French publisher) and the Kodansha team will choose with her the nicest one, once the fair has ended. It means we better did not forget to add our email address so that Pika could contact the lucky winner (of course I wrote a message - but I didn't get selected...).

2.1. Mister Sugiyama, what is your role as an editor? We don't know much about that role in France.

My first role is to give advice and to have talks with the author, to determine the theme and style she will write. In Kaori Yuki's case, she has a quite precise idea of what she wants to do so I'm more into the role of a listener. With others, I may need to be more active to develop an idea of to help going toward a certain direction.
The hardest part of my job is to make sure deadlines are respected. (Laughs from the audience) But Kaori Yuki is always on time. For example, she gave her manuscript right before taking the plane to France. (Claps) It's rare to have such a punctual author. Usually it's a pain.

2.2. What's the timetable of Kaori Yuki?

With us, every 15th of the month the script must be done. The next 5 days, it's the step of the storyboard - the "nemu" - containing the position of panels, of characters, of speech bubbles with text. Then the editor checks it all and tells the necessary remarks until the 22nd. Then it's time for the roughs, the sketches. It's more precise and detailed than the storyboard. With Kaori Yuki, each chapter counts about 40 pages, so we cut the work in half with two times 20 pages to do. Around the 1st or 2nd of the following month, we start over with the same process from the script made on the 15th of the previous month.

(Her editor then stops and comments on her ongoing work.)
As you can see, we have in front of us a precise example of the completion stage of a drawing: she's using a G-pen, it's a quill enabling to draw thin and thick lines with precision. The technique for a more dynamic drawing is to change the thickness of the trait by pressing more or less the quill against the paper. It is often used to bring out the main characters in a scene.

2.3. What are the place and tasks of assistants in this schedule?

Kaori Yuki has 5 assistants mainly in charge of the last stages. They draw the backgrounds, add screentones and ink the black parts.

2.4. In France, there are many fans who'd love to become mangaka. (He then asks the audience who wants to be a mangaka: 3 hands raise; and to the question "who draws?" More than a third raises hand.) What advice would you give?

I work for the magazine Aria at Kodansha. My little advice: if you come to Japan, come to Aria's office and show me your pages.

2.5. What to do and what to avoid not to make you waste your time?

Please bring something finished and not roughs. Translate everything into Japanese, nobody speaks French there. Take an appointment 3 days in advance by email. Buuut I will see you anyways without an appointment. (Audience claps and smiles)

Now is the time for questions from the audience.

3.1. Mister Sugiyama, could you tell us your email so that we can send you our work?

(Sugiyama laughs) The interpreter explains us: he was about to tell it for real.

3.2. How was it at the beginning with Kaori Yuki? Is it hard to work with an author who already has his habits?

In the beginning, I was indeed very stressed and nervous during meetings with her. But when I understood that she was open, it became easier to give her my opinion and advice.

(Mister Sugiyama interrupts himself again and comments on the ongoing demo.)
Here you see screentones. These are self-adhesive sheets with grey-colored patterns. She places the screentone, press it and cut the wanted shape with an utility knife. Then she presses the tone again to be sure it stays in place and she scrubs the edges with the knife to soften the transition with the sheet, to shade the clear cut.

3.x. (During her demo, Kaori Yuki asks us:) What do you think of this demo of my drawing technique?

(Audience claps wholeheartedly)

KY: (wide smile) Thank you!**
3.3. There is a lot of work in your mangas. Which one required the most of working?

Everytime I spent the same amount of time for checking. Otherwise, Angel Sanctuary and Count Cain required more time in general.

3.4. Do you use computer or do you intend to, as this is more and more common in Japan? (first question from a guy)

I would like to but I don't succeed (amused tone). Thus, I keep the quill.

3.5 Konnichiwa, I am a teacher of French in secondary school. I would like to use one of your series for studying. I'd like to hear your opinion on which one to choose.

Oh no, no, this is nothing for education! Don't choose me (laughs along with the audience, and audience claps).

3.6. I like your characters very much. Do you take inspiration from real persons, from their attitude?

Unintentionally I'm bound to be steeped in certain things. But I don't search for inspiration from real persons. Don't believe everything written about me on Wikipedia!

3.7. Thank you for coming to France. Which one of your works makes you the proudest?

I enjoyed drawing all of my works. Angel Sanctuary owns a large gallery of characters, what was very enjoyable. But all the intense scenes that have an impact on the reader are what makes me proud.

3.8. Will you create a manga happening in France? (Second question from a guy)

In fact, right before starting Alice I had proposed a series about Joan of Arc to the editorial head of Aria but then we changed of idea with my editor. But I save this idea for later.

3.9. Your drawings all have a precise outline. What character is the hardest to draw?

(She thinks with a hand on the head, clearly she is embarrassed and even looks like she's saying "pfff") They are all hard to draw.

The interviewer then tells us it's over. He points to our right to a little group of Angel Sanctuary cosplayers (Alexiel, Rosiel and Kurai). Kaori Yuki then send us 2 wholehearted "meruci" (for "merci", French for thanks) and a "arigatou gozaimasu" with a shy smile. The interviewer also thanks her personnally. At last, right before standing up she waves goodbye to us.


The galerie des glaces at Versailles Mona Lisa

* On Twitter, we learn that she at least managed to visit the château de Versailles. And the Louvre museum, she made a selfie in front of Mona Lisa.
** On Twitter again, she admits that it was very embarrassing to do this demo.



2. Pika's booth (French publisher)

Cosplay of Orchestre Royal de Guignols.

30 minutes after the conference, Kaori Yuki starts the autograph session at Pika's booth, the session is scheduled from 12:00 to 13:30. I'm going there checking how it looks not long after the beginning, but I don't have a ticket because I arrived 5 minutes too late at the booth in the morning: the 70 tickets went off in 10 minutes. In the queue I see a group with a pretty cosplay of "Grand Guignol Orchestra". I have to leave soon to try my chance at the FNAC bookstore but first, I want to leave a message in the guestbook. Problem: I cannot access it because it's near Kaori Yuki busy with the signing! (Pika, this is so badly done, boo!!) Luckily, I find a way to leave a message on a card that I bought at the fair (a kirigami of the Sacré Coeur), I hope that it won't be lost and that it will be taken into account when they will choose the winner of the unique drawing...

The place dedicated to Kaori Yuki is rather pretty, Pika exploited the baroque theme with a lot of self-confidence to decorate his booth.

Pika's booth (picture tweeted by Kodansha). Pika's booth (we can guess Kaori Yuki's hair and her editor). Pika's booth. In front, In the foreground, the Angel Sanctuary cosplay that was present at the conference.



3. Meeting and autograph session with Kaori Yuki


At 16:30 the same day, a "rencontre dédicace" (meeting and autograph) is scheduled at the FNAC bookstore of the Montparnasse area. Under that weird name, we had to understand that there's an interview with a few questions from the audience followed by an autograph session. Access to the interview is open, however the number of autographs is limited: we had to ask for a ticket at the reception (free). They were available since the opening of the store in the morning.
In my case, I arrived around 13:50 and received ticket #39 on 44. Instead of the subway, I took a taxi to travel as quickly as possible (because I needed to do a horrible detour to the eastern suburb) and doubtless it was the right thing to do: the 20 minutes I saved certainly made the difference... I sympathised with a fangirl who arrived in the same time (hello #40 ^^), we gently killed time together chatting about manga in the café of the bookstore, right next to the meeting place.

One of the posters hung on the walls at the interview place. Entrance of the FNAC Montparnasse with the advertisement for Kaori Yuki. The interview place on the underground floor.

Kaori Yuki is right on time. She changed of clothes and now wears an all grey dress certainly warmer and more comfortable than the morning outfit. She looks a bit tired and smiles a bit less at first, but then she's quickly back to her previous expressiveness and enthusiasm. This meeting is more cosy than the conference at the fair, we're only about sixty, seated close to her (I'm in the middle of the second rank! the first one being for the staff), the platform is low. Thanks to this setting, I have a better view of her expressive face and her meaningful and amusing facial expressions. The interviewer is not the one that was at the fair. His questions are sometimes strange and he tends to exaggerate a bit too much his talking and gestures for a more relaxed atmosphere (my guess), okay...

4.1. Please tell us about your career and how you became a mangaka.

I draw ever since I was in school. So I quickly knew that I wanted to be a mangaka. Then I followed the usual path, studies, contests, to be published. (Note: she said a few more things but nothing new.)

4.2. After a career of (almost) 30 years, how do you manage to always find inspiration?

I have no specific sources, ideas come gradually.

4.2b. Oh so things move fast in your brain!

Well, I'm totally into it for each series, this is something common to every mangakas.

4.3. How much time does it require to create a manga, to do researches etc.?

It depends on the work, it depends on the time when I have the green light.

4.3b. And with Iiki no Ki (Demon from afar) for instance?

(She doesn't remember and seems to "pfff" then asks her editor) About 1 month.

4.4. When you're creating a character, do you have a precise idea as soon as the beginning or do they evolve over time?

Yes, it's important to have a defined character right at the beginning or else there will be things that won't do later.

4.4b. And in details?

As I'm per se a cartoonist, a character takes form as I draw him. His personality emerges and gets more refined according to the look that I give to him.

4.5. Do you cross fingers when waiting for the validation of a storyboard by your editor?

Well, in general I already know what he's going to criticise...

4.6. The worst remark from your editor?

In the case of Iiki no Ki, he says things quite softly. He says nothing unkind, nonetheless he doesn't hold himself back.

4.7. Mister Sugiyama, what do you think of Kaori Yuki's work, what are her strengths and weaknesses?
Sugiyama: Her biggest strength is that we recognize her style instantly. Her weakness... her stories move towards complicated directions.
4.8. How are covers created?

Kaori Yuki: With Iiki no Ki (Demon from afar), in general the editor is the one wanting a certain character with a specific pose. But this was not necessarily the case with my previous mangas.

4.9.What are the qualities required to be a good tanto (editor)?

Kaori Yuki: A good tanto knows how to rub us the right way. He knows how to cheer us on when something is done right and when it's wrong, he also knows how to say it tactfully by never breaking our spirit.
Sugiyama: I'm not sure to be the best tanto, but indeed when an idea is good, we have to support the author at 120%!

4.10. Are there specific rules to make a good manga? Or is it all about feeling?
Sugiyama: I became an editor because I like manga. I simply judge a manga as any reader would do since I'm one myself.
4.11. In your mangas, there are often philosophical or metaphysical themes that push readers into much questioning. Can you tell us more on this subject?

At first this is not my intention. But later I'm told that my mangas are complex. Readers think about things that I didn't imagine. It's not my goal to write philosophical stories. I guess it's more my ability to get carried far away that one should see beyond the intricacy.

4.12. If you were in the world of your dreams, who would you be and where?

(Large smile and thinking) I'd like to be a princess who is protected by someone.

4.12b. Why?

(Surprised and amused) Eh? It's obvious, no?

4.13. What's your favourite character and why?

People often ask me this question... I love them all.

4.14. You make shoujo mangas. What were your inspirations in your youth? And what do you think of the new generation?

At first I was reading a lot of shoujos, I was often reading the magazine where I was first published (note: Hana to Yume). But now I don't even have time to read the one where I'm being published... I'm not sure what are the mangas en vogue at the moment.

4.15. If you were the mentor of an author, who would you choose?

It's complicated. I really don't see myself above someone else, if I like an author I would rather support him than being above.

4.15b. And then, who?

I like Shingeki no Kyojin ("Attack on Titan")... Ryouko Yamagishi who isn't published in France... (She thinks more) There are too many... (The interviewer proposes to switch to the next question.)

4.16. What is the nicest present you've ever had from a fan?

It's always nice, it makes me shed some tears. The fact that people choose something for me, writing to me in Japanese... This is really touching. Oh right, someone once gave me a doll a tad scary...

4.17. Lastly, your Chinese portrait. If you were...:
  • A colour: grey.
  • An animal: a rhinoceros (little laugh from the interviewer and slight surprise from the audience).
  • A flower: (after a few) the violet (her editor proposed the rose in private) I like the rose but this is not the image I have of myself.
  • A movie: (she thinks with a hand on the forehead but won't manage to answer) ...
  • A country: Japan.
  • A dessert: (thinks) New York cheesecake.

About 15 minutes before the end of the meeting, it's time for the questions from the audience.

5.1. Do your feelings sometimes influence your drawings?

It's rather the contrary. Characters that I draw create an emotion on my face. If you see a character with a weird face, then you can just guess how I was looking while drawing him!

Sugiyama: This is characteristic of every mangakas in Japan.
5.2. What moment do you prefer and what moment do you like the less when creating a manga?

Making the nemu! (Note: storyboard. She forgot to answer the first half of the question.)

5.3. Why is there no continuation to the Angel Sanctuary OVA? And why none of your other works was adapted into an anime?

The interpreter answers us directly and translates the question to sensei afterwards: She has no decision in this kind of production, she cannot answer you really, the only thing she does is drawing.

5.4. How did you get the idea of creating Vampire Host (Blood Hound) ?

One day I was invited to the restaurant by my editor-in-chief. We were thinking about a new story to create. I then thought it would be nice to draw vampires. Who thinks vampire, thinks night, and in Japan who thinks night, thinks "host". So we associated both ideas and the title followed quite simply.

5.5. Is it your will to remain in the shoujo genre? Why not trying other genres such as shounen, seinen... (With a joking tone) Something more joyful, flowery...?

(Audience laughs) In fact I'd like to make a seinen. But what I've presented so far never got accepted. As for shounen, it doesn't fit my style so it's irrelevant.

5.6. Ludwig Revolution is your only series based upon existing stories, admittedly in a special way. How come you wanted to reuse existing things?

I realised that in these fairytales, princes were generally doing nothing. (slight laughs from the audience) As Ludwig - the prince - is the main character, I brought a revolution to the genre, hence the title.

It is 17:20, as announced the interview now comes to an end to give some time to the staff for installing table, tools and chairs for the autograph session and for us to queue up accordingly to our ticket number. Then sensei is back 10 minutes later and starts signing the pretty shikishis (quality hard paper, here A4 format 21 x 29.7cm) provided for free by Pika (French publisher) and stacked next to her. Her editor is seated to her right and her interpreter, the same as in the fair, to her left. She asks us for our name and writes it in katakana for Kaori Yuki who then copies it on the shikishi (and adds a "san" at the end). She uses 3 markers: golden for her signature, black for our name and silver for the date. When she's done, she gives us the shikishi and 2 square badges from Pika featuring "Iiki no Ki" and "Kakei no Alice". *_* In total, an autograph lasts less than 2 minutes if there is no talking to the person. For that matter, when you see her at work, you can only observe how well she's trained to the exercise, methodical and efficient. Being the 39th, my turn arrived around 18:10. ^^

Right before my turn, my heart was beating really fast... I was afraid to babble stupidly. But once I gave my name to the interpreter, I calmed down a little. I watched Kaori Yuki signing for me then I judged it was the right time to start a little chat. :D

I first put a big black bag on their table, it's some sort of presents hamper that I prepared (and it's the very reason why I had to go to the suburb: I had forgotten it in my car parked there -__-;). I explained what was inside: presents for her and family (French comics, CDs, fanarts...), 1/2 bottle of champagne premier cru (I am from the Champagne region after all) and a box of 5 macaroons made by a good chocolatier from my town (almond, chocolate, violet, salted butter and chestnut cream, yum). I explained it would be best to eat them before returning to Japan. Her eyes were sparkling. :D As for champagne, her editor and herself were quite impressed, I received some sugoi and even low bows from her editor. [Edit 01/2015: she said on Twitter that she opened it at her birthday on 2014/12/18] The interpreter then remembered more or less that there was a link between Joan of Arc and Rheims (my city), I confirmed. Kaori Yuki was attentive because Joan of Arc is a theme that interests her. She was also quite surprised when I said that I noticed she used a part of the cathedral of Rheims in Angel Sanctuary. At the end, she told me she'd like to have more time to visit France and to come to Reims for a bit, maybe. And that we might meet again (!!). Afterwards she asked me if we could shake hands. *____* Her hand was warm while mine was cold... *ashamed* I ended the convo with my hand on the heart, thanking her again and again in Japanese. We exchanged many smiles. It was fantastic. ♥

The staff brings materials on the table for the autographs. On the right, queueing for the autographs. Persons without a ticket stay seated. The 2 badges offered by Pika along with the autograph. My autograph from Kaori Yuki on shikishi. It's written ''Marujyo san he'' (for M...-san). My ticket... precious access key!

There were 50 tickets in total for the autographs (44 distributed and 6 kept aside and used later), I counted 3-4 guys in the queue and about fifteen people who attended the interview but didn't have a ticket. She received other presents: candies with violet flavour, Belgian brand Leonidas chocolates (or at least, that's what was written on the bag, I didn't see its content), a bunch of fresh daffodils and two pretty and stylish notepads.

About 10 days after being back to Japan, she posted on Twitter pictures of presents she received. So loved and spoiled by her fans hehe. ^^ The gallery:

THE END




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